Tout autant que la langue de Molière, la presse francophone soufre d’une inconfortable situation entre mépris et enchantement.
Si dans la vie pratique et le vécu quotidien des mauritaniens la présence du vocable français crève les yeux et accapare l’ouïe, il n’en demeure pas moins que la reconnaissance de son enchantement se heurte à un implacable déni.
Du langage commercial à celui de la communication, des métiers, de la mécanique, de l’industrie, des échanges et de toutes activités lucratives, certes le français à la prépondérance incontestable forçant, au-delà, un bilinguisme « scriptural » patent.
Il en va de soi pour l’administration qui ne tient, en grande partie, que par la langue française dans toutes ses ramifications et pour toutes ses missions. C’est, hélas, toujours en second recours que l’on fait appel à la traduction en langue arabe. Mais plus que cela, et faut-il le rappeler, que dans toutes les cérémonies officielles et culturelles (discours, séminaires, colloques, visites d’hôtes étrangers, etc.), la langue française est présente aux côtés de l’arabe sur les banderoles ou affiches, mais aussi dans les discours.
Dans le domaine de la presse, le nombre de journaux, de magazines et de sites électroniques francophones ne fait aucun poids devant ceux existants en langue arabe. Mais ce petit nombre de journaux, magazines et sites francophone, tous niveaux confondus, a droit de citer dans les sphères diplomatiques, économiques, intellectuelles et culturelles, au même titre que les plus voyants et crédibles de la presse arabophone prolifique.
Même si "Tawassoul" a réussi le challenge de faire paraitre, régulièrement, 100 numéros de sa version française - contre plus d’un millier pour son corollaire en langue arabe - l’on se doit de s’appesantir sur ce tour de bras sans précédent, et s’y arrête pour en féliciter les auteurs. Mais il faut quand même le rappeler, sans volonté aucune d’ironiser, que cet énorme et louable effort, dénonce, une fois encore, une dichotomie qui frise l’hypocrisie intellectuelle que rien ne justifie à un tournant de l’histoire de l’humanité où les langues se cherchent pour leurs innombrables apports, et appartiennent à ceux qui les maitrisent et en font bon usage. Et cela n’occulte en rien l’attachement, l’usage et l’enrichissement des langues dites maternelles et ou appelées nationales. En inde cohabitent, pour le bien de plus d’un milliard d’individus, 270 langues dont 22 reconnues par la constitution en plus de l’anglais, vecteur incontestable du développement.
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