
Le "dialogue" n'est pas seulement un outil de résolution des conflits, mais une pierre angulaire pour ancrer les valeurs démocratiques et assurer la participation active de tous à la prise de décision. Il s'agit aussi d'un mécanisme correctif unique qui permet de préparer et de tracer la voie vers des solutions pacifiques qui garantissent les droits de toutes les parties
Dans les pays qui aspirent ouvertement à la stabilité et au développement, les élites doivent adopter le choix du dialogue, en faire une approche de réconciliation et un moyen d’assurer en premier la sécurité, de préserver les intérêts supérieurs de la nation, et d’ouvrir de vastes perspectives pour promouvoir et renforcer la "coexistence pacifique". De plus, le dialogue sert à établir les principes fondamentaux de la justice, qui constituent au final le socle solide sur lequel bâtir le présent et garantir un accès sûr et équilibré à l’avenir.
En cette ère exceptionnelle, et plus encore que par le passé, le dialogue s’affirme comme l’instrument vital pour garantir la stabilité des nations confrontées aux troubles politiques ou à des tensions sociales exacerbées par des divergences ethniques, tribales, claniques et sociales. Lorsqu’un pays traverse des crises douloureuses, le dialogue devient le seul moyen pour limiter les dégâts et d'échapper au tourbillon qui menace son équilibre. Il s'agit d'un mécanisme correctif unique permettant de préparer et de tracer la voie vers des solutions pacifiques qui garantissent les droits de toutes les parties. Par ailleurs, le dialogue contribue à apaiser les tensions entre groupes rivaux et conflictuels, à renforcer la confiance mutuelle et à promouvoir concrètement la coexistence.
Grâce à au dialogue constructif, il est également possible d’instaurer la justice et l’égalité entre toutes les catégories sociales et de garantir une participation équitable à la prise de décision. Ce type de dialogue constitue en soi un outil efficace pour régler les différends et renforcer les pratiques démocratiques qui assurent l'implication de tous dans les décisions cruciales.
Les expériences réussies à travers le monde ont prouvé de manière concluante l'efficacité du "choix du dialogue" dans la réalisation de la stabilité, la répartition de la justice et la garantie de l'égalité.
Le "dialogue national" organisé en Tunisie après le printemps arabe sanglant n’a t-il pas permis de surmonter d’importants défis qui faisaient obstacle à l’édification d’une "démocratie" stable ? Grâce à ce dialogue, les adversaires politiques sont parvenus à des accords entre les différentes forces en présence, ouvrant ainsi la voie à la formation d’un gouvernement de consensus qui a rétabli la stabilité politique et mis fin aux conflits profonds.
De même, les "accords de paix" signés entre 1990 et 1994 en Afrique du Sud ont constitué un autre modèle de "dialogue inclusif" réussi, mettant fin à l’apartheid et établissant un État démocratique rassemblant – dans un consensus longtemps jugé inaccessible – toutes les composantes sociales, ethniques et politiques du pays.
Par ailleurs, l'"accord de Tayef" conclu en 1989 sur Liban grâce à un dialogue réunissant toutes les factions en guerre, a permis de mettre un terme à la guerre civile, de rétablir la stabilité et d’introduire des réformes structurelles qui ont au mieux réparti le pouvoir entre les différentes communautés libanaises.
Toutefois, la réussite d’un quelconque dialogue ne dépend pas uniquement des parties directement concernées. Elle exige également un soutien sincère et considérable de la part des dirigeants politiques, des intellectuels, des guides religieux et des réformateurs sociaux. Ces derniers ont la lourde responsabilité de bâtir et de consolider des ponts de "confiance" entre les acteurs en conflit. Ils sont appelés, plus que quiconque, à œuvrer avec sérieux et sans ambitions personnelles étriquées à la promotion du dialogue par des consultations ouvertes, des échanges d’idées et des propositions constructives exemptes de toute sensibilité partisane. Ce travail est essentiel pour pérenniser les négociations et obtenir des résultats concrets et satisfaisants pour tous, dans l’intérêt supérieur de la nation.
Saisir la "main" tendue au dialogue est l’un des plus grands signes de maturité politique. En effet, peu importe son format, ses thèmes ou ses limites, un dialogue déclaré finira nécessairement par inclure toutes les parties, répondre à certaines de leurs revendications et atteindre une quelques uns de leurs objectifs. De plus, il constitue un cadre propice à l’émergence de compétences matures capables de conduire le processus démocratique de manière participative, tout en servant de référence à ceux qui aspirent à un échange continu sur les questions en suspens, à travers des consultations permanentes et la recherche de solutions innovantes qui favorisent le consensus et garantissent l’intérêt national.
Cependant, plusieurs défis peuvent entraver le dialogue, dont en particulier :
- Le refus de certaines forces d’opposition de négocier ;
- L’émergence de nouvelles crises conflictuelles ;
- L’effritement des fondements de la confiance, qui affaiblit la volonté politique des parties prenantes, et l’absence d’un environnement propice à la négociation, deux conditions obligatoires pour surmonter les obstacles.
Un dialogue responsable et sincère demeure la meilleure voie pour dépasser les différends et instaurer la stabilité. Il ne constitue pas seulement un outil pour résoudre des conflits passagers, mais il est, comme l’ont démontré toutes les expériences réussies, la "pierre angulaire" de la "confiance", le chemin le plus sûr vers une démocratie fondée sur la justice et l’égalité, ainsi que la garantie certaine et fiable d’un avenir juste et prospère.